Les rituels mortuaires varient d’une religion à une autre. Chez les musulmans, par exemple, les obsèques doivent être organisées 24 h suivant le décès de l’individu. Le corps est transféré via une civière et enveloppé dans un drap blanc avant la tombée de la nuit, ou plus précisément avant le coucher du soleil. Les rites funéraires juifs, quant à eux, se caractérisent par l’interdiction de toucher au défunt et par la prière permanente pour le salut de l’âme de l’individu décédé. Dans cet article, nous allons découvrir le rite de la danse du cadavre et du transfert des génies d’une personne décédée : un culte mortuaire célébré par la tribu des Baatombù du Nord-Bénin.
Quelques mots sur les Baatombù
Les Baatombù se trouvent dans la région septentrionale du Bénin. Cette communauté se divise en 2 : d’une part, il y a les Wassangari, la lignée princière et d’autre part, les Baatombù autochtones. La deuxième catégorie est considérée comme celle des chefs de terre. Le nombre total de Baatombù est estimé à environ 900.000.
Résumé du rituel de danse de cadavre et du transfert des génies
En résumé, cette cérémonie est caractérisée par des danses ethniques, des postures spécifiques ainsi que des prières, des incantations et des supplications. Durant cette étape, un Materiae medica (une personne qui possède des pouvoirs thérapeutiques et des dons de voyance) est sollicité. Différentes essences de plantes sont utilisées dans le but d’aider l’héritier à endosser ses nouvelles fonctions de voyant. Lorsque le rituel touche à sa fin, l’héritier devient alors un devin et pourra prendre sa place de dignitaire.
L’intervention des génies et l’enterrement du défunt
Dans ce paragraphe, nous allons détailler le déroulement de la danse. Une fois placé sur le mortier, le cadavre se met à bouger. La tête et le corps s’agitent au rythme de la musique. Ce phénomène s’appelle la danse du cadavre (kùsa). Une personne habilitée que l’on appelle Gôgé se concentre puis prend un coq blanc, le pose sur la tête du cadavre puis le déplace 7 fois, des pieds à la tête. Il prononce une série de 7 prières (kanarù), d’incantations (non-mwinrù) et de supplications (suru-kanarù). Les prières s’adressent aux génies du défunt et sont destinées à les transférer temporairement dans le coq blanc. Une fois le transfert terminé, le gallinacé se met à trembler puis à mourir dans un état convulsif : cela signifie que les génies ont bien pris possession de son corps. Après la mort du coq blanc, le Gôgé ordonne à la famille de la personne décédée d’organiser le rituel qui aura pour but de désigner son successeur. Après plusieurs rites mortuaires, une date est fixée pour les cérémonies d’identification et de fixation des génies.
Le rituel de fixation des génies de la personne décédée
La famille se charge de l’inhumation de leur proche. Lorsque l’individu a été inhumé, quelques rituels sont organisés pour identifier les génies. Lorsque ces derniers quittent le cadavre, ils errent un court instant dans la brousse. Cependant, cet état erratique est non dépourvu de conséquences car si les génies ne trouvent pas un corps pour s’y loger, ils pourront jeter un mauvais sort à la famille de la personne décédée.
Le dernier rituel
Le dernier rituel est la prise de la bague. Il a pour but de sceller inéluctablement l’accord entre l’héritier et les génies qui l’habitent. Cet événement a lieu très tôt le matin, autour d’un grand festin. Une fois repus, les invités s’éloignent et l’héritier se rend à la chambre initiatique avant la prise de la bague, événement durant lequel, il devra boire l’eau sacrée des Baatombù dans un bol en laiton.