Originaires de l’ouest du Cameroun, les Bamilékés représentent un groupe ethnique qui accorde une place de premier choix à leurs défunts. En effet, selon leurs croyances, les morts ne disparaissent pas et leurs esprits continuent de veiller sur les vivants. Compte tenu de cette croyance, ce peuple camerounais a une manière très spéciale de célébrer la cérémonie funéraire de ces défunts. Mais, comment se déroule une telle cérémonie ? Cet article vous répond.
Cérémonie funéraire chez les Bamilékés : initiation du rite funéraire
Chez les Bamilékés, la cérémonie funéraire est un rite très important. Cet événement est un moyen de commémorer les défunts et de reconnaître qu’ils font désormais partie des ancêtres qui veillent sur eux. Pour commencer le rite funéraire, ce peuple entame d’abord des chants et danses initiatiques. Ces chants et pas de danses permettent de faire l’éloge des défunts et de leur souhaiter une bonne traversée dans l’au-delà. Mais, pour que la cérémonie soit conforme aux prescriptions traditionnelles, il faudrait que les chants et pas de danses respectent certaines dispositions.
D’abord, les danses doivent être exécutées par des centaines d’hommes et de femmes en uniforme qui se retrouvent au milieu d’un cercle humain géant. De même, ces danses doivent se faire sur des places communes à la vue du public. Aussi, il faudrait utiliser des instruments traditionnels comme des balafons et des tam-tams pour que la cérémonie soit plus africaine et intéressante. Ainsi, bien avant le démarrage du rite funéraire, le peuple Bamilékés reste dans cette ambiance festive pendant une trentaine de minutes.
Cérémonie funéraire chez les Bamilékés : entrée du magicien
À l’instar des autres peuples africains, les Bamilékés disposent aussi d’un haut dignitaire qui se charge de conduire la cérémonie funéraire. Souvent appelé sous le vocable de « grand magicien », ce haut dignitaire en question fait partie des notables de la cour royale. Avant toute chose, ce magicien se retrouve dans une case sacrée avec ses collègues afin de se concerter sur le déroulement des funérailles. Une fois que les décisions sont prises, le dignitaire ordonne que de jeunes gens creusent la fosse de la tombe. Mais, cette situation est acceptée si le défunt n’était pas une figure importante.
Dans le cas contraire, il faut nécessairement que le jeune qui donne les premiers coups de pioche soit un initié. Suite à cette étape, le magicien sort de sa case avec un accoutrement digne de son rang. Très souvent, ce dernier est paré de cauris, coquillages et peaux de reptile. Sous ses ordres et son autorité, les initiés couvrent le corps du défunt d’un long boubou râpé et multicolore. Ensuite, ils procèdent à l’enterrement. Cette étape vient boucler la première partie de la cérémonie funéraire chez ce peuple de l’ouest du Cameroun.
Cérémonie funéraire chez les Bamilékés : exhumation des crânes
Dans la suite du rite funéraire, les initiés apportent dans une calebasse en terre cuite le crâne recueilli du défunt. Durant le processus d’enterrement, cette étape est très cruciale. En effet, c’est grâce à elle que les vivants peuvent garder un contact avec les ancêtres. Au travers de cette exhumation des crânes, les Bamilékés peuvent ainsi développer des relations particulières avec les esprits des morts. Dans leurs prières, ils peuvent donc les appeler afin de leur demander de l’aide ou des conseils.
Mais, bien que cette exhumation des crânes soit un peu archaïque, les Bamiléké lui trouvent une raison d’être. D’ailleurs, ils la justifient même avec des passages bibliques. Par exemple, très souvent les hauts dignitaires stipulent que Joseph (exilé en Égypte) avait recommandé que ses restes soient restitués après sa mort. Alors, exposer les crânes des défunts est une manière pour eux de se conformer aux traditions des ancêtres. Lorsque l’exhumation du crâne des défunts a été faite, la cérémonie funéraire peut être bouclée sous l’autorité du haut dignitaire.